« le désir d’amitié est précisément un désir d’être compris, sollicité, apprécié pour nous-même« . Francesco Alberoni C’est complexe l’amitié, en y réfléchissant bien, je réalise que c’est presque aussi complexe que de vouloir se positionner sur l’amour; est ce parce qu’en français les deux parlent de l’âme? Pour « être en amitié », nous devons être au minimum deux. Se prétendre l’ami(e) de quelqu’un implique donc automatiquement une dépendance, là où l’amour se vit en solitaire (attention, je parle ici, du sentiment et non du partage de ce dernier). Cette semaine il m’est arrivé une anecdote intéressante. Comme la majorité d’entre nous, j’ai ouvert un compte facebook il y a quelques années et je me suis fait des « amis » à défaut de pouvoir les nommer autrement. En fait, je ne me suis pas fait beaucoup de nouveaux « amis » mais plutôt renoué avec des liens qui s’étaient dissipé sur la ligne du temps; c’est ainsi que j’ai retrouvé cette copine de maternelle, cet amour d’adolescente ou encore certains membres de ma famille biologique. Figurez vous que cette semaine, l’un des ces « amis » (un de mes grands amours de jeunesse blessés) est entré en contact avec moi de manière subite et un peu étrange sur « mon » mur. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas facebook, le mur est un espace public (et donc non intime) de votre page sur lequel n’importe lequel de vos « amis » peut tagger. Je vous passe les messages que nous nous sommes échangés (suite à ma demande sur nos espaces privés respectifs) mais le fil conducteur mérite que je m’y arrête : dans le premier message « l’ami » en question réclame (le contraire de demander) des conseils pour un cabinet de naturopathie qu’il est entrain de « monter »(dixit). Comme je suis pour le partage des connaissances, je lui ai dit que je suis prête à l’aider dans la mesure du possible. Dans son second message il me dit avoir des idées pour moi. Ce à quoi j’ai répondu que c’est gentil mais que je n’en ai pas fait la demande. Le long message suivant de mon « ami » était révélateur, plutôt que d’en rester à la demande initiale (un conseil pour l’ouverture d’un cabinet de naturopathie), il a tenté de me « refiler le paquet » comme je l’appelle, en jouant la carte de nos liens d’amitié forts dans le passé (ce que je vivais personnellement comme un état amoureux à l’époque).Ce que je nomme « refiler le paquet » à quelqu’un est une méthode couramment utilisée par des interlocuteurs peu conscients des mots qu’ils utilisent et envoient comme une pollution aux autres; je les appelle les immatures de la communication. Il y a ceux qui envoient des paquets directs en nous traitant de « … » (bip) et ceux qui le font indirectement en tentant la carte affective ou émotionnelle. Il ya a tout une série de nuances entre ces deux extrêmes, mais ce qui m’intéresse ici, c’est de constater qu’en amitié, la communication va toujours dans les deux sens de manière fluide.
Pour rester amis pour la vie, il faudrait que les parties en communication évoluent au même rythme et dans la même direction, ce qui est très rare. Pour moi, l’amitié n’est pas à aller chercher sur le terrain des souvenirs, mais plutôt dans ce que nous vivons au quotidien avec ceux ou celles qui partagent les mêmes valeurs dans le présent. Les ami(e)s cheminent main dans la main avec nous sur un tronçon de chemin de vie, un peu comme deux âmes dans le même espace temps et non dans le ressassement de la vie qu’elles ont eues de par le passé, ni dans la projection d’une vie dans le futur. Pour moi, aujourd’hui, l’amitié se vit au présent entre deux ou plusieurs individus partageant un même espace divin, dans lequel l’autre devient le reflet de ma propre âme, comme dans un miroir.
Je désire pour ma part voyager léger sur le chemin de mon âme, de mon Amour et de mes amitiés.Et vous? est ce qu’un désir d’amitié est un désir de reconnaissance, comme le suggère Francesco Alberoni? restez vous dans ce désir ou vivez vous déjà le miroir de l’amitié? est ce que vous investissez dans des « amitiés » par devoir de fidélité au passé ou avez vous fait le tri, dépoussiéré vos liens? êtes vous attentif (ve) à la communication, au partage équitable, à la solidarité en amitié? faites vous partie des ceux ou celles qui peuvent compter leurs ami(e)s sur les doigts de la main ou avez vous des amis par centaines pour vous sentir bien?Lorsque j’avais 20 ans, les ordinateurs personnels n’existaient pas et peu d’amitiés ont résisté au temps qui passe. Aujourd’hui, à 43 ans, j’ai plus de 100 relations sur facebook, dans lesquelles se cachent quelques véritables âmi(e)s. Replacer chaque contact dans son contexte, selon ses propres besoins et croyances du moment, me semble une nécessité dans un monde où l’amitié, tout comme l’amour s’expose plutôt que de rechercher l’intimité de l’âme. cordialement,Annette
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