Celui qui connaît l’art de vivre avec soi-même, ignore l’ennui. Erasme
Il fut un temps, pas si éloigné, où le burn-out était sur toutes les langues; il suffisait de se plaindre de certains symptômes pour qu’une copine ou un collègue vous assène le fameux « t’es sûre que t’es pas en burn-out toi? ». Depuis, c’est plus « trendy » de dire « t’es sûre que t’as pas un bore-out toi? »…
Le syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui ou bore-out est un trouble dont on parle de plus en plus un peu partout. Wikipédia le définit comme étant un trouble psychologique engendré par le manque de travail, l’ennui et, par conséquent, l’absence de satisfaction dans le cadre professionnel. Cette théorie a été présentée dans Diagnosis Boreout, un livre écrit par deux consultants d’affaires suisses, Peter Werder et Philippe Rothlin, qui proposent une autre explication que le stress comme principal problème du travailleur… en fait c’est plutôt l’ennui qui engendre le stress en quelque sorte.
Bon, alors je veux bien croire que le fait de tourner en rond dans son open office, comme un poisson rouge dans son bocal, puisse engendrer des désagréments notoires, mais de là à en faire un outil de déresponsabilisation il y a un monde non?
Du coup, j’y ai regardé d’un peu plus près et j’ai commencé par me réécouter la chanson de Zazie « je tourne en rond » et là je rigole déjà : première phrase « je suis un homme de cro-magnon, je suis un singe ou un poisson« … bon donc, pas de soucis, c’est NATUREL de tourner en rond.
Je continue d’écouter et ooooh « tu vois, j’suis pas un homme, je suis le roi de l’illusion« … ça rejoint tout de même les théories quantiques récentes ou plutôt les sages qui tentent de nous faire comprendre celà depuis la nuit des temps; bon donc c’est pas nouveau, c’est juste des gens qui ont perdu le lien à cette « réalité ».
Je continue d’écouter « au fond qu’on me pardonne, je suis le roi des cons« … ah bon?
« corps en cage et coeur en prison, moi je tourne en rond, je tourne en rond » oui, ouvrir son coeur libère, ça aussi c’est du connu…
La suite : « assis devant ma télévision, je suis de l’homme la négation, pur produit de consommation » on y arrive, bosser pour consommer et consommer pour bosser, c’est une motivation comme une autre, faut-il pourtant en déduire que c’est « de la faute au boulot ».
Et Zazie de fredonner avec ferveur quelques mots sur l’Homme et la Terre Mère qu’il a abandonnée avant de lancer « je suis un homme, au pied du mur, comme une erreur de la nature, pour ma peine, ma punition, je tourne en rond, je tourne en rond« …
Oui, mais Annette voyons, c’est la crise et les gens ont des responsabilités, donc même si ils s’ennuyent ils restent dans leur bocal de poisson rouge à faire les singes… c’est naturel. Ce à quoi j’ai envie de répondre « est ce politiquement correct de s’ennuyer et d’être payé à ne rien faire en temps de crise? Et si nous devenions alors plus créatifs, afin que le patron comme l’employé s’y retrouvent? une stratégie de gagnant-gagnant.
Oui, parce que moi je suis encore de la vieille école peut-être, un peu démodée, de celle qui m’a appris à utiliser l’ennui en devenant créative; et même si Meerkat ou YouNow avaient existé quand j’étais ado (l’âge où c’est normal de souffrir d’ennui parait-il), je sais que j’avais des ressources en moi pour m’ennuyer ferme de manière constructive.
Bref, je rejoins plutôt Miguel de Unamuno lorsqu’il dit « l’ennui fait le fond de la vie, c’est l’ennui qui a inventé les jeux, les distractions, les romans et l’amour »… à méditer lorsque tu sens poindre le bout du bore-out, car il y a peut-être moyen d’utiliser ce precieux temps de ta vie à porter un regard vers l’intérieur, d’y trouver une parcelle du divin, de le retourner vers l’extérieur en devenant un créateur d’un présent majestueux : le bocal risque de se transformer en océan de possibilités.
Et toi? t’arrive t-il de t’ennuyer? et si oui comment te positionnes tu par rapport à lui? est ce quelque chose que tu subis lourdement ou l’utilises tu pour en faire quelque chose de constructif? as tu besoin de t’activer constamment, d’avoir quelque chose à faire, lorsque tu es dans ton bocal, ou te sens tu libre de voyager dans d’autres océans et d’en ramener quelque chose de créatif? tournes tu en rond de manière consciente et profites tu de ce cycle en tenant compte de ton environnement?
cordialement,
Annette
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