
chaud-froid
« quand le coeur a chaud, on n’a pas froid au corps » Lao she
Malgré mes origines nordiques, je fonctionne mieux au soleil. C’est physique, énergétique, émotionnel et touche à toutes les dimensions de mon être : le froid m’insupporte.Lorsque « j’ai bon chaud » je m’épanouis là où le froid me crispe. Mes amis sont sidérés de m’entendre demander un gilet quand la température varie de quelques degrés vers le bas un soir de plein été. Je me souviens d’un voyage en Martinique où j’ai mis ma jaquette, choquant les touristes suffoquant de chaleur et accueillie de suite par les locaux. Vous souvenez vous de l’été 2003? Pour ceux et celles qui s’en souviennent, c’était l’année de la canicule en Suisse; un calvaire pour la majorité, une bénédiction pour moi.J’ai beau « travailler sur moi » et tenter de m’améliorer en vivant au présent, j’avoue que le froid reste une source majeure de questionnements ou de tentatives de fuite du genre « mais que me fais-je donc à rester dans un pays où le soleil chaud est rare? ». Lorsque je regarde mes doigts blancs cadavériques dès que la température chute de quelques degrés (oui oui, même si je passe de 27 à 23 degrés), à chaque fois c’est un rappel cruel du chemin que j’ai encore à parcourir; moi, qui prône le moment présent et fais la promotion de la vie intérieure, j’échoue en donnant au froid (extérieur à moi) la possibilité de m’agresser.Impossible pour moi de me réchauffer de l’intérieur, comme me l’a suggéré cet homme revenait d’ un stage au Népal pour apprendre à supporter le froid en suivant la voie proposée par quelques moines tibétains. Rien qu’au récit de son périple, mon sang a perdu quelques degrés et je me souviens avoir pensé que c’est « horrible » de s’infliger des « choses pareilles ». Et lorsque mon ami Bernard parti 3 mois escalader le Mont Everest, revient avec un nez gelé qu’il a manqué de perdre, me raconte ce qu’il a vécu, je me dis que je serais morte avant même d’avoir atteint le premier campement.Pourtant il me semble avoir le coeur chaud, alors pourquoi mon corps me donne t’il le signal d’avoir froid? Lao She a beau être un sage homme, que puis je moi-même entreprendre pour intégrer ou exsuder cette sagesse?Hier, le thermomètre affichait 27 degrés à Genève et c’est toute moite que j’ai pénétré dans l’avion qui devait m’amener à Amsterdam. Premier choc : l’air conditionné avait été mis au maximum (lisez : minimum, qui est la fonction primaire de cet appareil de torture). Etant la première à pénétrer l’appareil je me suis arrêtée nette et, face à l’hôtesse perplexe, j’ai demandé de bien vouloir « monter un tout petit peu la température ». Le vol fut agréable au niveau de sa température (un peu moins au niveau de l’espace), car j’étais coincée entre la paroi et une italienne au grand volume pour qui un second fauteuil aurait été nécessaire pour être à l’aise. En sortant de l’aéroport, deuxième choc : 17 degrés à Amsterdam; j’ai beau me sentir heureuse de rejoindre mon compagnon, cependant je ne peux m’empêcher de penser avec nostalgie aux quelques jours où j’ai lézardé au soleil ou sous un arbre au chaud en terre helvétique. Au moment où je vous écris, j’ai le coeur chaud, mais les pieds gelés. J’ai aussi décidé de faire quelque chose de bon à manger près du feu, comme en plein hiver, pour « mon » chéri qui va bientôt rentrer de son travail plutôt que de préparer un panier estival à déguster au bord de l’eau; savez vous ce qui me vient spontanément comme idée ? je vous le donne en mille : un chaud-froid!! Je décide de me trouver une jolie recette sur internet à la clôture de cette chronique et de m’en inspirer. Car moi, ce qui me plait dans les chaud-froid c’est le contraste entre les deux températures dans la bouche, donnant au plat une saveur qui varie constamment au contact de la langue. Prenez un coulis de fraises sur glace vanille : un délice non ? bien meilleur que la traditionnelle glace vanille-fraises. Ah et connaissez vous la tourte de crêpes au fromage chaudes sous coulis de tomates froides? un régal. Alors pourquoi est ce si difficile pour moi d’acquiesser lorsqu’on me dit que c’est le contraste des saisons qui nous permet de vivre pleinement chacune d’entre elles avec joie? pour ma part je me vois tout à fait vivre à 25-30 degrés à l’année. Pour quelle raison puis-je seulement trouver la saveur d’un chaud-froid dans les modifications de températures d’un coulis chaud sur fond froid? oui, passer du froid au chaud est toujours bienvenu. Et comment faites vous, la majorité, à apprécier les chaud-froid climatiques? à survivre à la « clim » au bureau alors qu’il fait 25 degrés à l’ombre dehors? Pour le moment, faute de mieux, je vous offre mes chaleureuses salutations pendant que je garde mon sang froid.
cordialement,
AnnettePS : un grand merci à toi « ma » chère Catherine pour le partage de ta créativité qui m’a fait chaud au coeur.

