Me voici en train d’écrire un lundi depuis la Hollande. Mon vol a été annulé pour cause de code rouge : les vents sont tels que l’aéroport a décidé d’annuler une quarantaine de vols en partance de Schiphol. Tout le pays est en alerte et il y avait 450 km de bouchons sur les routes ce matin à 8h30. D’habitude j’essaie d’écrire le vendredi, mais figurez vous que mon ordinateur a eu quelques soucis. J’étais tranquillement occupée à écrire une chronique sur la sincérité vendredi soir, lorsque « hop » subitement l’écran s’est éteint, puis rallumé tout aussi subitement laissant apparaître un texte totalement incompréhensible pour qui, comme moi, est étrangère au langage informatique. J’ai tenté un tas de choses pour le réanimer, sans succès, une grande croix rouge s’affichant inlassablement sur mon écran indiquant un sérieux soucis avec le programme responsable de la protection de mon ordinateur. Je suis réputée pour ma patience, cependant dans le domaine des nouvelles technologies je suis très vite agacée; pour moi ces « engins » doivent fonctionner. Avec un père informaticien, programmeur et une mère enseignante en informatique, j’ai baigné dans ce monde depuis toute petite. Mon frère a hérité du gène, là où quelques allèles manquantes chez moi m’ont rendue handicapée de l’ordinateur; je dois donc faire des efforts monumentaux pour arriver à faire ou comprendre, ce que d’autres ont l’air de « piger » de suite. En tant que bonne adepte de l’autodérision, j’assume très bien cet handicap, sauf quand je me sens limitée par leur codes d’utilisation. Dépendante d’autrui pour me venir en aide, je me sens alors complètement démunie face à ces outils dont il est difficile de se passer tellement ils sont devenus des incontournables de la vie moderne. Il arrive un moment où il faut choisir; s’adapter ou résister. J’ai choisi de m’adapter. Comme nous étions en début de week end, j’ai pris mon mal en patience et pris le temps de chercher à comprendre, puis voir si j’étais capable de trouver, voire de réparer le problème et j’y suis parvenue dimanche soir. Est ce qu’il vous est déjà arrivé de vous retrouver dans un magasin à acheter un outil moderne, ayant un dialogue de sourds avec le vendeur parce que a) vous ne comprenez pas ce qu’il exprime par son langage ultra adapté à l’outil, b)le vendeur ne comprend pas que vous ne compreniez pas son langage? eh bien moi, oui, très souvent (j’avoue ne pas avoir du tout de place dans mon disque dur cérébral pour tous ces termes) et ce fut donc également le cas avec l’aide proposée par les petites fenêtres (j’ai compris sur le tard pourquoi l’un de mes programmes s’appelle Windows) qui s’ouvraient les unes après les autres devant mes yeux. Et que faites vous à ce moment là? hochez vous de la tête, vous énervez vous, essayez vous de comprendre, faites vous preuve de persévérance ou vous sentez vous tout simplement nul(e)? pour ma part, c’est un mélange de tout cela. Dernièrement j’ai été exposée au terme de « cloud » (nuage); alors sincèrement, dans mon cerveau, un « cookie » est toujours un biscuit délicieux avec des pépites de chocolat, un « virus » ça me parle parce que je vois ce que ça fait avec un organisme, un « cheval de Troie » j’arrive aussi plus ou moins à comprendre en visualisant, le « web » (toile) est resté un terme vraiment compliqué longtemps et maintenant que je commence enfin à cerner le pourquoi du comment de ce terme, me voilà démunie devant « cloud ». Qu’est ce qu’un nuage a à voir avec moi, simple utilisatrice d’un outil qui a remplacé ma machine à écrire? Je regarde par la fenêtre (celle de la maison, pas celle de mon écran); les nuages avancent à une vitesse vertigineuse, des bourrasques de vent à 110 km/h balaient tout sur leur passage et je ris en voyant les oiseaux traverser le ciel à des vitesses impressionnantes. De temps en temps j’en vois un qui veut aller dans le sens contraire au vent, se retrouvant en train de voler en arrière. Je me sens comme celui là : dans le vent, bravant le code rouge, tentant d’atteindre son objectif et ne comprenant pas ce qui se passe. Je pense à l’époque où les carrosses parcouraient les routes, que les coursiers transportaient un message d’un coin du pays à un autre, que la patience était une nécessité. Je réalise la chance que j’ai de pouvoir me rendre en avion là où je le désire, de pouvoir vous communiquer mes chroniques. Finalement, je me dis tant pis pour les quelques fois où je dois faire preuve de patience en restant bloquée dans un pays à cause du code rouge ou coincée derrière mon écran en train de déchiffrer son langage, le progrès ça a du bon. Une fois cette chronique terminée, je vais en profiter pour sortir dans ce vent unique et comme me l’a suggéré mon amie Virginie : « deviens le vent ». Finalement, ma réalité à moi, je la partage avec quelques rares oiseaux, qui comme moi, parcourent les différents mondes qui sont tout aussi réels pour nous que les « clouds » ou autres espaces virtuels hightech. Nous sommes dans le vent, un vent ancestral, dont le langage chante à nos oreilles là où il reste indéchiffrable pour la plupart des génies de l’informatique. Dans cette réalité nous sommes tous liés les uns aux autres, peu importe la distance. Nous y communiquons avec l’âme du vivant; le vivant du passé, du présent et du futur. Un monde où le langage a ses propres codes et où l’âme de toute vie est immortelle. Est ce que le « nuage » est un de ces mondes parallèles sans âme qui tel le robot est à notre service? et serait-ce pour cela que mon âme peine à entrer en contact avec lui? En attendant de mieux comprendre, je vous souhaite une belle journée aérienne et légère. Cordialement, Annette Ps : au moment où je clos cette chronique un gros bruit me fait sursauter et l’adrénaline parcourt mon organisme. Je regarde à nouveau par le fenêtre et je vois la toiture de mes voisins arrachée par une violente bourrasque. Euuuuuh Virginie, je crois que je vais rester à la maison et devenir le vent un jour où il est moins violent : je suis plutôt pour la douceur constructive et caressante.
Transition de vie et art de la pause
une transition de vie c’est comme un changement de saison. Une invitation à développer l’art de la pause.
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