« le devoir est une série d’acceptations » Victor Hugo
par moments la vie nous sert tellement d’événements perturbateurs, de situations difficiles ou de défis sur son plateau, qu’il devient impossible de se sentir en paix avec les émotions qui nous envahissent.
En consultation, ce matin, une jeune femme m’explique combien elle se sent agitée intérieurement depuis quelques temps. En pleine période de séparation d’avec le père de ses enfants, beaucoup de questions l’assaillent et son quotidien lui pèse.
Après m’avoir fait part de son dialogue intérieur, des questionnements et des dilèmes auxquels elle doit faire face elle m’avoue entre deux sanglots que « trop c’est trop » et « je ne vois pas du tout comment tout concilier ».
Alors quand quelqu’un me dit « c’est trop », « je n’y arrive pas », « cela me semble une montagne », ou encore « j’ai plus la force de faire face à la situation », je pars en quête des « je dois » exprimés par la personne. En général tout le monologue en est infesté; « je dois reprendre un job à 100% », « je devrais laisser les enfants à leur grand-mère », « je dois me battre pour un divorce équitable », « je dois me trouver un logement au plus vite », « je devrais plus penser à moi », « je dois m’occuper de ci, de ça », « je devrais perdre du poids », « je devrais me remettre un peu au sport » et ainsi de suite.
Pour la plupart des enfants scolarisés faire les devoirs c’est la galère et une fois l’école terminée, ils n’ont qu’une seule chose en tête : JOUER. Pour les parents, connaissant l’importance de ce travail à domicile, c’est la croix et la bannière pour amener leur rejetons à s’y atteler; nombreux sont donc ceux qui jouent de leur autorité pour obtenir de leurs enfants qu’ils « fassent ces fichus devoirs ».
Cette petite parenthèse pour dire que le devoir est quelque chose d’absolument anti-naturel; le fait de faire quelque chose juste parce que c’est comme cela, parce que l’on croit que c’est ainsi, ou parce qu’on nous dit que c’est ainsi, coûte en énergie, est donc contraire à la vie et « mortel » comme le disent nos jeunes de nos jours. Dans la Nature une plante pousse sans qu’on ait à tirer dessus et un animal va là où sa biologie le mène. J’entends déjà quelqu’un me dire « oui, mais bon, dans la vie on ne fait pas seulement ce qu’on a envie » « nous sommes des êtres humains et ne vivons pas seulement d’instinct » ou encore « oui mais il faut bien se fixer des buts et faire des sacrifices pour y parvenir » et ma préférée « oui ok c’est pas marrant maintenant, mais plus tard j’en tirerais peut-être du bénéfice, en tous les cas j’y crois ».
Bref, des raisons pour aller contre nature, l’être humain s’en nourrit depuis des siècles… ces croyances sont donc bien ancrées et parfois difficile à déloger, tellement nous y adhérons, tellement elles ont fini par nous convaincre.
J’ai donc demandé à ma cliente ce matin « quel est ce trop c’est trop? »… « eh bien je suis submergée; devant tout ce trop et face à tout ce grand, je me sens toute petite, je ne sais pas par où commencer et surtout je sais que je dois me mettre au boulot sinon je vais couler »…
Nous avons décortiqué ensemble quelques croyances tenaces qui lui collaient à la peau et placé la situation dans un contexte plus large; comment se voit-elle une fois cette période passée? et que peut-elle mettre en place aujourd’hui pour aller dans la direction de ses choix, plutôt que de fonctionner dans l’urgence en perdant de vue son objectif? bon et bien sûr je lui ai proposé de traverser les peurs de sa toute petite taille face à ce trop grand qui lui arrive dessus, au lieu d’y résister.
En replaçant une situation dans un contexte plus large, se peut-il que notre vision du devoir perde sa connotation négative d’obligation et qu’en avançant au fil de nos acceptations, le flux naturel de notre Vie nous mène à la liberté?
Pourquoi ne pas se demander tous les matins au lever « quelle est ma journée idéale aujourd’hui » tout en la plaçant dans un contexte plus large du style « qu’est ce qui est important pour moi au bout du compte : style dans un an »?, puis même plus large « j’ai 80 ans et je regarde en arrière sur ma situation actuelle, ai-je manifesté ce que je désire »?. Si ce matin je me réveille malade, je n’aurais pas les mêmes critères que lorsque je suis en pleine forme; j’ai le choix d’accepter ce présent et de me soigner, ou de placer l’importance dans mes peurs (de perdre mon boulot si je reste à la maison par exemple).
Qu’est ce qui est le plus confortable, le plus bénéfique et le plus important pour moi maintenant? il y a tout à parier, que ce qui est consciemment confortable-bénéfique-important en conscience pour moi aujourd’hui, me crée un futur confortable-bénéfique-important également.
Et si la difficulté se trouve en fait dans la résistance et non dans l’acceptation? un devoir accepté, dont je comprends l’importance pour moi dans ma vie devient ludique. Une contrainte imposée par l’extérieur, tel un barage dans mon flux, une fois acceptée fournit une réserve importante d’énergie constructive. C’est en suivant le flux naturel de mon existence qu’elle prend tout son sens et qu’elle est au service d’un tout qui me dépasse.
Alors, lorsqu’il t’arrive de te sentir submergé(e), pourquoi donc résister en tentant de trouver des solutions? et si tu acceptais la chute inévitable plutôt que de nager à contre courant du courant naturel de ta vie? plutôt que de faire des efforts par obligation, pourquoi ne pas décider d’accepter les actions nécessaires pour te rendre là où la vie t’attend? est ce que ta vie serait toujours aussi compliquée si tu prenais le temps d’étudier ce que cache chaque croyance ou besoin? quelles sont les peurs qui se placent en obstacle sur ton chemin?
En lisant cela tu pourrais croire que je stimule le nombrilisme en utilisant sans cesse le « moi » et le « je ». Oui, certes je stimule le passage de la dépendance (l’extérieur dicte ma vie) à l’indépendance consciente (je rayonne depuis mon centre) afin qu’une fois celle-ci acquise, tout être humain puisse accéder à l’interdépendance (je suis unique et liée au tout, ce que je fais à l’extérieur, je me le fais à moi-même).
cordialement,
Annette
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