« lorsqu’un homme sent battre dans son âme la vie et l’âme du monde entier, il est libre » Rabindranath Tagorevendredi passé, certains d’entre vous m’ont écrit un mail en me demandant si c’était normal que seul le proverbe de Camille Belguise apparaissait sur le blog ce jour là; la réponse est un grand OUI. Nous avons tous parfois besoin de calme et de silence, pour faire un « arrêt sur image ». Je vois ce dernier comme une pause nécessaire dans ce monde qui me donne la sensation d’aller de plus en plus vite : j’avais vraiment besoin d’arrêter quelques stimulis. En cherchant le silence la semaine dernière, j’ai réalisé combien « mon » monde est bruyant et agité. Dans ces moments là, l’Univers tout entier concours à me montrer ce à quoi je suis sourde ou aveugle; ma difficulté réside alors dans le fait de réussir à écouter au delà de ce que mon mental bruyant voudrait faire taire. C’est ainsi que, depuis vendredi passé, je me retrouve confrontée à mon emprisonnement. C’était un sentiment subtil au départ (mon corps disait « arrête toi » et ma tête disait « bon allez fais encore juste ceci et cela ») qui est allé en grandissant au fil des jours (mon corps disait « aïe, écoute moi, médite, arrête toi » et ma tête disait « écoute moi, si tu ne fais pas ceci tu risques cela, tu méditeras demain ») jusqu’à hier soir 20h. Dans ma perception des choses 20h c’est un peu tard pour commencer une dissertation à rendre pour le lendemain et pourtant c’est l’heure qu’à choisie mon fils de 17ans pour philosopher avec moi. Quand je me sens bien reposée, équilibrée entre mon corps et ma tête, je réponds à ce genre de demande avec enthousiasme et même avec gratitude (du genre : merci d’avoir des enfants aussi merveilleux, bien dans leur peau et désirant partager avec moi, même si c’est un peu tard). Hier soir, j’ai plutôt répondu par obligation et même un peu agacée (du genre : quelle idée de venir me demander ça à 20h la veille). Comme j’ai pris pour habitude de m’arrêter à l’agacement, j’ai enfin VU et ENTENDU ce que l’Univers tentait de me dire depuis des semaines (et non seulement depuis vendredi passé) grâce au thème de la dissertation : « Nous portons des chaînes, bien que l’oeil ne les voie pas, et nous sommes esclaves bien qu’on nous appelle des hommes libres » de Oscar Wilde. Alors que la discussion avec mon fils battait son plein, son père nous dit subitement « un homme libre est celui qui fait exactement ce dont il a envie de son temps ».C’était évident pour moi, comme un flash : l’ennemi (c’est ainsi que je vis les chaînes) dont je veux me faire un ami c’est LE TEMPS. Ma tête me dit constamment « tu n’as pas le temps, dépêche toi, il faut rendre ceci ou faire cela dans tel délai ». Mon corps, lui, lorsque je l’habite complètement, sait toujours me faire prendre les bonnes décisions au bon moment et ainsi me faire « gagner du temps ». Mais pourquoi vouloir gagner du temps si de toutes manières celui-ci est à disposition et que j’ai la liberté de choisir ce que je veux en faire ? c’est donc bien que j’ai de la difficulté à choisir MES priorités : ce qui parle à MON âme au contact avec l’âme du MONDE. Pour y parvenir, j’ai une fois de plus dû me rendre à l’évidence : mon corps est ma meilleure boussole, je l’oublie sur la table de mon mental encore trop souvent. C’est en m’appliquant à vivre bien ancrée dans le présent et dans mon corps, que j’ai les meilleurs atouts pour surfer sur la vague du temps; plutôt que de nager à contre courant ou de me laisser pousser dans une direction opposée à mon rythme naturel, j’ai la possibilité de rester en surface si je choisis de bien faire la planche (ce qui demande à être totalement présente sans quoi je risque de couler sur le champ, j’ai déjà essayé).
Le jour où j’arriverais à ACCEPTER la réalité du moment, complètement à l’écoute du battement de la vie et de l’âme du monde qui m’entoure, je pourrais alors dire (telle la planche flottant sur la vague du temps) : JE SUIS LIBRE !!
J’ai encore du pain sur l’autre planche, car rien que de savoir que certains prisonniers se sentent libres en acceptant totalement leur réalité de chaines visibles, me laisse admirative.Et vous quelles sont les chaînes invisibles que vous continuez de mettre entre le monde extérieur et vous-même? quelles sont les chaînes visibles qui vous donnent le sentiment d’être prisonnière un jour alors que le lendemain ces mêmes chaînes vous laissent dans un sentiment de liberté ? cordialement,Annette
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