Qui n’a jamais entendu parler du « grand nettoyage de printemps »? nos aînés avaient pour habitude de vider greniers, caves et autres lieux de stockage pour faire le tri entre ce qui allait être gardé ou jeté. Une fois le tri terminé, ils s’attaquaient aux armoires afin de remettre tout à sa place après les avoir nettoyé de fond en comble. Quelques réparations par ci, rafistolages par là, sans oublier le décrassage de toutes les fenêtres. Puis, venaient les literies qui se voyaient « désacarienisés » (mot inventé signifiant « libéré de ses acariens ») et rafraichies de fond en comble. Pour terminer toute la maison se voyait dépoussiérée, shampouinée, dégraissée; c’était La Tradition avec un grand T.
Même si, tout comme moi, vous venez d’une famille dans laquelle cette tradition s’est perdue depuis plusieurs générations, vous savez ce qu’est ce grand ménage de saison et peut-être même que vous l’appliquez à votre maison. Si vous faites partie de ceux ou celles pour qui cela semble sans intérêt, je vous propose d’essayer. Pour ma part j’ai renoué avec cette tradition il y a 25 ans grâce à Renée qui m’a transmis tout ce que j’avais à apprendre sur l’art du ménage, le tri et bien sur le nettoyage. Elle a su me montrer le côté joyeux et positif de cette tâche; plutôt que de voir tout ce « mic-mac » comme harassant, j’ai pu expérimenter tous ses bienfaits. Bien sur que j’ai dû faire des efforts, transpirer, faire preuve de patience pour réorganiser tout mon bardat. Bien sur que j’ai dû montrer du courage en m’attaquant aux lieux peu ragoûtants, aux toiles d’araignées ou autres nids à poussière. Et pourtant, chaque année depuis 25 ans, je me rallie avec joie à la Tradition du grand nettoyage de printemps. C’est un moment de purification, de nouvelle respiration, d’organisation que j’offre à mon lieu de vie; tout ce qui est cassé, inutile, sale ou mort est débarrassé. Et si faire le ménage joyeusement était finalement l’une des activités les plus importantes dans nos vies? j’en vois déjà sourire, soupirer et râler plus d’un ou d’une d’entre vous. Cependant, arrêtons nous quelques instants sur cette pensée : « qu’y a t’il de plus important qu’un intérieur ordré, propre, frais, accueillant, aimant, pur, respirant la vie? ».Combien d’entre nous déléguons à autrui cette tâche, vécue comme étant ingrate, une perte de temps et ennuyeuse? comment en arrivons nous à laisser quelqu’un d’autre nettoyer et ranger à notre place? combien d’entre nous s’y soumettent en ronchonnant? combien d’entre nous acceptent de vivre dans la « crasse » et le désordre par manque d’intérêt pour leur intérieur ? ou plutôt : qui d’entre nous prend soin de sa demeure au moins une fois par année pour un grand nettoyage de printemps ? Comment enseigner à nos enfants l’Amour de ce travail bien fait, dans la joie et la bonne humeur? Plutôt que de laisser trainer leurs chaussettes sur le canapé, leur sac d’école jeté à l’entrée, la poussière s’accumuler sous leurs lits et leurs jeux joncher la maison avec désinvolture, dans un mécontentement à la limite du supportable; nous verrions alors des jeunes bien dans leurs baskets et respectueux de leur intérieur. A force d’observer les gens et leur fonctionnement face à leur intérieur, j’ai pu constater un parallèle important entre leur manière de concevoir l’art de faire le ménage dans leur maison et l’art de faire le ménage en Soi…Il est parfois difficile de faire de l’ordre en Soi, de nettoyer nos pensées salissantes, de dépoussiérer nos coeurs, d’oxygéner nos poumons, d’y voir clair à travers les fenêtres de notre esprit et nous préférons souvent reposer notre âme dans des draps salis. Pire encore, nous rejetons souvent les bienfaits de certaines traditions familiales, tout en gardant un dysfonctionnement au niveau de nos relations. Je pense que nous aurions tous besoin d’un bon coup de balai de temps en temps, pour aller dans tous les recoins oubliés au quotidien. Idéalement, nous passerions du temps, un peu tous les jours, pour faire de l’ordre en Soi. Et que penser des « maniaques de la propreté » ? ceux et celles d’entre nous ,qui, à force d’asticoter, de frotter, de nettoyer, de ranger et de trier, créent un déséquilibre; nous savons tous aujourd’hui qu’un trop plein d’hygiène est néfaste : bactéries hyper-résistantes dans les hôpitaux, eczémas à force de trop savonner. Que reportons nous sur notre vie intérieure avec un fonctionnement d’hyper-propreté ? Je trouve que la question mérite d’être approfondie, pas vous ?cordialement,Annette van der Kaaij
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