« Les paroles d’honneur.. c’est comme la neige… ça fond devant le soleil !… » Eugène Labiche
ça y est, l’arc lémanique est recouvert de neige ce matin !! quelques centimètre de poudre blanche au bord du lac donnent une pureté au paysage. Sur les hauteurs, dans le jura, la couche est telle qu’il a fallu sortir les pelles et déblayer. Voir tomber les premiers cristaux blancs me réjouis à chaque fois à nouveau; d’année en année, je profite réellement de ces premiers instants où le paysage se transforme en endossant ce manteau blanc.
L’hiver promet d’être rigoureux et en parlant de promesse, j’ai eu affaire à quelqu’un qui ne l’a pas tenue cette semaine. Pourtant, nous avions parlé en long et en large du projet et convenu d’un rendez vous dans quelques jours pour signer notre engagement mutuel.
Débordante d’enthousiasme j’ai pris un tas de dispositions afin d’être fin prête pour notre rencontre, exprimé un tas d’idées et parlé à mes proches de l’heureux dénouement. J’en ai certainement fait un peu trop; mercredi je reçois un simple texto sans explication aucune annulant l’intégralité du projet ainsi que le rendez vous. Pire encore, le silence faisait écho à mes demandes successives de contact. Dans ce no man’s land de la communication, j’ai eu un accès de rage impressionnant. Le feu intérieur brulait au flammes de ma haine subite envers cette personne.
Oui oui, je l’admets, j’ai vraiment détesté cette personne pendant 24 heures; ce qui est extrêmement long et rare pour moi. Comment pouvait-elle me faire ça, à moi qui avait été si ouverte, si transparente, si vraie dans mon désir de partage? Je me suis sentie mise K.O. par un crochet du gauche que je n’avais pas voulu voir venir. Oui, j’aurais pu le savoir que cette personne fonctionne ainsi; là où je déborde d’enthousiasme et d’ouverture, mon interlocutrice déborde de pessimisme et de limites. Je la connais suffisamment pour savoir que le risque existait; là où je suis soupl et pleine de solutions, elle a toujours été rigide et dans la complainte. La sachant victime, j’ai pensé pouvoir la contaminer avec mon enthousiasme, débordante de positivisme là où elle émettait des doutes. Boulimique de reconnaissance, les mots de gratitude que je lui envoyais étaient insuffisants et sa parole d’honneur, a fondu comme neige devant le soleil.
Partageant ma rage avec mon compagnon, mes enfants, mes amis proches, j’ai reçu beaucoup d’écoute et l’un d’entre eux m’a dit la phrase délivrante; les mots qui m’ont permis d’éteindre le feu qui me brûlait. J’ai compris que là où je débordait, telle une tache d’huile qui s’étend, j’ai certainement créé le sentiment d’envahissement chez mon interlocutrice. En relativisant, en reprenant ma part de responsabilité dans cette affaire, mon calme intérieur est revenu instantanément. J’ai même envie de crier « merci »; merci de m’avoir évité un tas de soucis en m’engageant dans un projet qui m’aurait laissé redevable à vie envers une insatisfaite de la vie, merci de m’avoir évité tous les problèmes futurs qui malgré mon énergie débordante auraient surgis et merci de m’avoir ouvert les yeux sur mon précieux trésor.
Mon enthousiasme est mon trésor, je peux le partager au présent avec des gens qui sont eux mêmes riches de cette qualité; pour les autres, je vais dorénavant clarifier, afin qu’ils ne se sentent pas envahis par mon énergie de par leur propres limitations et vous savez quoi ? le vie est belle et un nouveau projet se profile déjà, s’étendant tout seul jusqu’à moi.
Et vous? comment fonctionnez vous devant la limite imposée par l’autre? vous sentez vous à l’aise lorsque l’on s’ouvre à vous ou vous sentez vous hapé(e) ? avez vous peur d’être abandonné? pensez vous devoir être victime et sauveur pour exister?
Une parole d’honneur est quelque chose qui fond comme neige au soleil, car elle est donnée dans un présent pour un futur qui n’existe pas encore ou dans un passé qui vient mettre des limites dans notre présent.
cordialement,
Annette
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