Il y a quelques temps, une cliente s’affale en pleurs sur la chaise en face de moi et me dit « j’en peux plus d’être la femme parfaite pour mon mari, la maman dévouée corps et âme à ses enfants; voilà quinze ans que je suis Madame X, la femme de Monsieur et onze ans que je suis Madame X, la maman… j’en peux pluuuuuus ».
Au fil de l’échange, il est apparu que Madame X était également à disposition de toute une « clique de personnes », la rendant absolument « indiiiiispensaaaable ». C’est ainsi qu’elle tenait l’administration d’une affaire familiale créée par son arrière grand-père, qu’elle confectionnait des pâtisseries pour les soirées de bridge du coin, qu’elle faisait le taxi, les courses et le ménage pour une dame du voisinage qui venait de subir une opération et cerise sur le gâteau elle remplaçait une copine démunie sur les marchés de temps en temps pour la « dépanner ».
Tu l’auras compris, Madame X croulait sous les dénominations et les étiquettes mais avait perdu son identité. Durant l’échange est apparu qu’elle se sentait coupable de dire NON par moments et nous avons épluché, au fil des séances, certaines de ses croyances les plus tenaces.
Occupée à répondre OUI aux besoins d’autrui, elle en était réduite à dire NON à elle-même.
Petit à petit, avec le temps, Madame X a expérimenté que d’être sensible à ce qui se passe en elle, puis d’affirmer ce qui est bon pour elle à ce moment là, lui donne un espace ainsi qu’une présence authentique et profonde. Le « personnes » sont devenues des « individus qui ont de l’importance pour elle » parce qu’elle même est passé de « personne » à « quelqu’un d’important » pour Soi.
Le processus est encore en marche pour cette cliente, qui aujourd’hui préfère répondre « merci pour ta proposition, j’y réfléchis et je reviens vers toi » ou « j’entends ta demande, je reviens vers toi plus tard pour la réponse »… cela peut sembler simple à celles qui ont des limites bien intégrées et traversé certaines peurs ou croyances.
Si tu te sens comme Madame X, à devoir tenir le rôle de « super maman », « super nana », « super épouse », « super copine », « super collègue », « super boss »… eh bien peut-être que ce sont là les résidus d’une éducation liée aux années 70-80, années de la wonderwoman; cette femme aux pouvoirs extraordinaires, représentant une des icônes du féminisme de l’époque.
Rendre service à autrui, se mettre à disposition, faire preuve d’empathie, sont toutes des qualités merveilleuses à promouvoir; seulement commençons par soi-même afin d’être plus vrais.
Se sentir obligée de dire oui à tout va se fait souvent au détriment de celle qui s’y laisse prendre; en fait, être quelqu’un d’autre, une super femme aux yeux d’autrui, est un travail à plein temps erreintant, qui coûte en énergie.
Personnellement, je préfère de loin travailler à éplucher les couches qui recouvrent encore mon coeur, afin de permettre à mon âme de se manifester en lien avec l’âme de l’Univers.
Pour faire mes choix, j’aime bien me raconter l’histoire suivante lorsque je me sens décallée de mon présent, les dilemmes pleins la tête et la pression extérieure me donnant l’impression d’être enfermée.
Un maitre Zen dit un jour à son disciple qui avait plein de questions existentielles « la vie est comme un billet de voyage valable 80 ans. Pendant ce temps, chacun peut choisir lui-même ses horaires et ses destinations. Mais ne reste pas immobile ton billet à la main, à te tourmenter avec des problèmes qui surgiront une fois que le billet n’est plus valide : dans 80 ans ».
Et toi? que décides tu de vivre comme voyage, ton billet à la main?
Lorsque tu vis un « conflit d’intérêts » entre toi et l’autre, que choisis tu?
As tu déjà remarqué combien la paix se fait en Soi dès que tu as pris une décision; aussi mauvaise soit-elle (et que tu ne sais qu’après coup, après l’avoir expérimenté)?
cordialement,
Annette
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