Je suis à nouveau chez moi en Hollande pour quelques jours et aujourd’hui se fête la St. Nicolas; c’est la fête des enfants. Inspirée de l’histoire de Nicolas de Myre, protecteur des enfants, veuves et des gens faibles, cette tradition met en avant un saint blanc, chevauchant un cheval et entouré de pères fouettards noirs. Enfant, je posais mon soulier sur la cheminée, avec un petit mot pour le saint homme, une carotte pour son cheval, une confession des bêtises que j’avais faites et une liste de cadeaux que je souhaitais. Impatiente je veillais toute la nuit, tentant de surprendre le bruit de quelqu’un descendant par la cheminée. Prise dans la pensée magique propre à la petite enfance, tout était possible et dans mon esprit innocent, les pères fouettards étaient noirs parce que bien évidemment ils passent par la cheminée pour délivrer les récompenses ou les punitions. Plus tard, vivant en Suisse, la tradition a perduré grâce à des rencontres amicales où nous nous retrouvions à échanger des surprises que nous avions préparées les uns pour les autres. Ceux qui étaient sortis de la pensée magique apprenaient à respecter celle des plus jeunes en taisant le fait que le monsieur qui venait frapper à la porte était en fait l’oncle untel déguisé, accompagné de cousins ou potes maquillés à l’aide de la couleur brune (il faut savoir que la couleur marron est utilisée, non pas pour éviter des discussions racistes, mais parce que cette couleur est mieux supportée par nos peaux blanches; cela fait donc belle lurette que nous savons que les pères fouettards sont en fait de couleur brune). Ces moments de fête et de rigolades ont gravé dans mon âme l’importance du partage, de la tolérance, de la modestie et de l’amitié. A l’école j’avais des amis de toutes nationalités et depuis toute petite j’ai été consciente de l’individu en face de moi, plutôt que d’un préjugé; c’est donc tout naturellement que dans mon esprit le racisme était absent. En parlant de racisme, voilà que depuis quelques temps le débat fait rage ici en Hollande; les uns manifestant pour interdire l’arrivée de St.Nicolas accompagné de ses compagnons noirs (que nous savons être des blancs-bruns, libérés de leurs chaines d’esclaves, ou de leur image de « bobet de service »). Pour les enfants, l’innocence aidant, ils n’y voient aucun mal et pour les adultes qui ont évolué dans la tradition, la question reste inintéressante. Le fait que le père fouettard soit noir, est un rappel de notre passé de coloniaux esclavagistes; ceci fait partie de notre mémoire collective, certes, cependant tellement éloigné de notre mémoire d’enfant. Pour moi, cette fête de la St. Nicolas, tout en restant traditionnelle, est une possibilité de transmettre à nos enfants un « savoir être » correspondant à notre époque sans pour autant cacher notre passé lointain. L’être humain se construit de par ses erreurs et de par ses réussites; faire la fête est pour moi une réussite importante à transmettre à nos enfants dans un monde où tant d’erreurs sont commises. Nous, les adultes détruisons énormément; est il cependant nécessaire de détruire un moment aussi important qu’une fête? si le problème de peau devient le centre du débat, je vous propose la chose suivante : peignons le saint blanc en violet et les pères fouettards en vert. Ah oui, profitons en pour changer également sa monture, afin d’éviter tout débat avec les amis des animaux. Les enfants n’y verront que du feu pendant que les adultes cesseront de se chamailler et d’en faire toute une histoire; la tradition ça a du bon, pour autant qu’elle évolue vers quelque chose de positif, respectueux de chacun, tout en maintenant une cohésion nécessaire au bon fonctionnement de sa société. Finalement, avec un peu d’intelligence du coeur, nous devrions arriver à protéger nos enfants de débats politico-religieux autour d’une fête, qui de surcroit est la leur. Et vous? comment vous placez vous face à la tradition de votre communauté? à l’approche de Noel êtes vous plutôt de ceux qui oublient de transmettre l’histoire de Jésus à vos enfants en leur offrant quantité de cadeaux les uns plus chers que les autres? êtes vous à cheval sur les principes ou arrivez vous à relativiser? êtes vous un(e) adepte de l’autodérision ou non? est ce que vous vivez cette période comme un fardeau ou dans la joie? tant de questions qui peuvent aider à faire de la fête une vraie réussite, dans le respect de ce qui compte vraiment le plus pour vous, au plus profond de votre être. Cordialement, Annette
Transition de vie et art de la pause
une transition de vie c’est comme un changement de saison. Une invitation à développer l’art de la pause.
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